Bleu, Jaune, Rouge,
Jaune, Rouge, Bleu,
Bleu, Rouge, Jaune.
Quel souvenir délicieux que celui de l’émotion enfantine et ludique
Que me procurait ma promenade le long du Boulevard de la République
Les étés de ma jeunesse à Royan.
Mes pas légers et pressés de découvrir les couleurs primaires
Me portaient, de portique en portique, chacun plus extraordinaire
Que le précédent, depuis le Portique jaune de la Poste,
Vers le Portique rouge Paul Doumer, puis le bleu de la Plage,
Puis le bleu du Casino, le rouge du Théâtre,
Pour finir essoufflée et ravie au Portique jaune du Baccara
Dont le nom à lui tout seul me portait vers le sublime Casino multicolore.
Oui, c’est cela le Royan de ma jeunesse, une émotion vive,
Une joie profonde et primaire, sans cesse renouvelée
Par l’architecture ludique de la station balnéaire.
Des années plus tard, la petite Claire est toujours amoureuse
De Royan et de sa vibrante modernité.
C’est ainsi qu’il y a quelques mois je tombais, par hasard ?…,
Sur un sublime rouleau de tissu Mondrian,
Qui me ramena à mes savoureux souvenirs à l’instant
Même où je touchai de mes doigts ébahis la magique étoffe.
L’idée me vint alors de proposer à mon ami Laurent Caron,
Brillant couturier et photographe de Saujon, de réaliser pour moi
Un Tailleur, où je pourrai mettre en scène la station balnéaire
Et faire revivre le Royan de ma, de notre jeunesse…
Nous voici donc tous deux embarqués, un lumineux jour d’été,
Sur le charmant port de Royan, où trône magnifiquement
La pompe à essence vintage « Mondrian ».
La gamine que je suis encore donne alors
Libre cours à sa joie profonde d’être ici,
Et de représenter dans cette triade colorée
L’Esprit du Royan de la Reconstruction
Toujours aussi vivant et vibrant de son Histoire.
Dans un langage pictural universel, Piet Mondrian a créé avec le néoplasticisme
Une dialectique horizontal/vertical, où les couleurs pures, bleu, jaune, rouge,
Se juxtaposent aux non-couleurs, noir, blanc, gris,
Dans une géométrie combinatoire, abolissant la perspective
Et permettant ainsi d’infinies variations.
C’est dans cette ouverture à l’envie de tous les possibles
Que mon imaginaire s’est construit, s’autorisant à rêver
Les multiples possibilités proposées par l’Existence
Au seuil de mon enfance, et ce fut une véritable chance.
Le vent d’été souffle dans mes cheveux, j’ai le sourire aux lèvres.
Les mâts des bateaux tintent joliment, connectés totalement
A l’Univers magique du Royan de la Reconstruction.
Mais pourquoi donc cette Ville nous colle-t-elle tant à la peau ?
Assurément parce que les fameuses trente glorieuses
Donnèrent à la Cité un souffle de Résilience extraordinaire,
Et lui offrirent ainsi l’opportunité de concevoir et vivre son rêve éveillé.
Bleu, Jaune, Rouge,
Jaune, Rouge, Bleu,
Bleu, Rouge, Jaune.
Aujourd’hui, encore plus qu’hier,
Combien les couleurs primaires
Nous sont indispensables
Face à la crise sanitaire qui ébranle notre Cité.
Aussi cette première séance photographique
N’est que le début d’une longue série de moments captivants
Dédiés à faire ressurgir l’Univers ludique et charmant du Royan d’avant.
La Roue tourne joyeusement dans le ciel azuré,
Telle une métaphore poétique du tournant
Du monde de maintenant.
Alors, plus une seconde à perdre !
Artistes, artisans, créateurs, je vous invite à nous rassembler
Autour de ce projet plein d’Humanité, dans la joie et le bonheur
De recréer ensemble notre Royan d’avant, de vivre au présent
Notre Royan, notre MONDROYAN !
Tel l’épilogue de cette introduction, quelle ne fut pas mon incrédulité
De découvrir ces trois jolis bateaux voguer côte à côte le long de la côte.
Bleu, Jaune, Rouge,
Jaune, Rouge, Bleu,
Bleu, Rouge, Jaune.
Quel formidable signe du Destin !
Je me suis dit « Merci la Vie » ! Comme ici on est bien !